Entre la qualité des expositions du Jeu de Paume et l’origine de la collection, le MoMA, on savait que le niveau serait élevé, pourtant, c’est un coup de poing donné à toutes les expositions photos tant les photos choisies de la collection Thomas Walther font, malgré leur siècle passé, preuve d’un modernisme insolent, d’une créativité étonnante et d’une maitrise d’un art, pourtant balbutiant en ce début du 20eme siècle.
Il va être difficile pour les artistes photographiques d’oser exposer : ici pas de surex, pas de flou pseudo artistique. Chaque photo est un défi, dans son thème, son angle de prise de vue, son parti pris ou la mise en danger de l’artiste pour sa réalisation.
Des photos où tout devient beauté
Parmi celles-ci, les parachutistes Britanniques (1937). Ailleurs, des effets de plongée ou contre plongée, des lignes de fuite, de la « haute-fidélité sans retouche direct, sans fumisterie ». Ici, des effets de vitesse avec la poursuite du record du monde (Paul Wolff-1936), des visuels d’ampoule qui se transforment en œuvre d’art (Edmund Kesting- 1927) ou dans cet ombre jeté qui reflète les inquiétudes du moment avec la publicité de presse réalisé en 1928 par Jozsef Pécsi.
Des thèmes de l’époque et des mouvements emergeants
En effet, les thèmes choisis correspondent aux interrogations de l’époque : l’ homme, la capacité de se surpasser avec la mise en avant du sport : natation, parachutisme, voile ou athlétisme. Témoins des mouvements artistiques, de l’architecture à la vie au quotidien. On y retrouve également des portraits d’artistes connus comme le portrait de Florence Henri par Lucia Moholy en 1927 , un très élégant travail autour des mains ( dont la construction de mains par Osamu Shihara entre 1932 et 1941), du regard avec Lotte (Max Burchartz-1928), de la beauté ainsi que la « symphonie de la grande ville » ou la cité se révèle avec le Bauhaus et les premiers gratte ciels.
La Tour Eiffel à l’honneur
Sur cette thématique, on y retrouve les grandes villes : Paris dont un cliché des toits de Paris de 1913 par Alvin Langdon Coburn, Marseille, Hambourg (Cesar Domela-1630) Berlin, New York, Moscou ainsi que des photos étonnantes de la tour Eiffel (Ilse bing- 1931).
On y découvre surtout le partage d’une passion photographique aux quatre coins de la terre, de grands noms ou des noms mythiques comme Léni Riefenstahl. A chacun , de laisser place a son imagination.
L’exposition offre également un aspect pédagogique avec le descriptif des moyens utilisés et une vision créative avec la possibilité d’expérimenter les techniques photo ( surimpression, solarisation) ou photo montage.
Au cœur de Paris
Situé Place de la Concorde, le musée du Jeu de Paume est l’occasion de revisiter ce quartier si cher aux touristes et d’y découvrir, à quelques pas, l’Hotel de la Marine ainsi qu’un peu plus loin, la Place Vendôme et l’œuvre de Calder.
Jusqu’au 13 Février 2022- Musée du Jeu de Paume. Sur place, un espace grignotage sympa avec Rose Bakery et de l’autre côté Smith and Sons pour ceux qui, de retour à Paris, sont nostalgiques de scones.
Profitez des terrasses du jeu de Paume tel que Marcel Proust aimait le faire.
A noter : la qualité de la scénographie composée de petites séquences ou d’opposition couleur( salle du premier étage) ainsi que l’apport des mécènes, sans qui l’expo ne serait pas ce qu’elle est.