Au centre de la mappemonde épineuse, une terre de papier maché réalisée avec des journaux, une œuvre iconique créé en 1968 par Michelangelo Pistoletto, un des membres fondateurs de « Arte Povera », connu aussi pour ses tableaux miroirs.
Un écho des évènements transalpins, coincidence de calendriers
Au musée du Jeu de Paume, place de la Concorde, une exposition à point dans l’actualité avec cette ode à « l’Art pauvre » un mouvement d’avant-garde culturel né à Turin -la ville industrielle du Nord de l’Italie- dans les années 60/70.
En pleine explosion des médias et de la société de consommation, les artistes évoquent le rôle de l’Homme et renvoient dans les œuvres les silhouettes des visiteurs, forme renouvelée de mises en abimes. Une belle illustration de la responsabilité commune du visiteur et de l’artiste dans l’évolution du monde.
Tableaux vivants et espace temps
Les artistes tronçonnent les corps et montrent des torses, découpent le temps et utilisent les médias, les images noir et blanc avec force et dérision. Ici le reportage d’une manifestation, là, des témoignages du quotidien avec les photomatons présentés sous forme de planche contact. Ces machines à photographier présentes dans tous les quartiers de la ville, riches ou populaires, révèlent une Italie en mutation.
Actions urbaines
A voir la vidéo de Paulo Matteucci et Marcello Grottesi (1er étage). Ces vidéos effectuées hors du champ théâtral avec une troupe d’artistes et des accessoires aussi farfelus qu’une grande roue, une bicyclette, une guillotine (référence au passé Français de la ville de Turin ?) font descendre dans la rue l’art, la folie, la dérision tragicomique, l’humour auprès de badauds ou d’enfants qui ne restent pas indifférents. Réflexion sur l’être avec des instantanés de vie.
Y a t-il un message ?
Tout n’est pas sens ou message pour Claudio Parmiggiani, l’auteur de ces montages de planches zoo géographiques sur des vaches, figurantes d’un jour à la tension animalité / humanité forte. Histoire de nous rappeler de ne pas laisser passer le train de la contestation et de la réaction.
Claudio Abate construit et déconstruit les images avec la veuve noire ou bleue selon la langue tandis que Guiseppe Penone, à l’origine du titre de l’exposition, travaille avec la symbolique des arbres et des corps.
Place à l’imagination et à la réflexion
Luigi Ontani ressuscite Dante dans une descente aux enfers nouvelle. Mario Merz, dans une suite de photos nb sous neon nous explique en 1972 que une somme réelle est une somme de gens
Le socle magique de Pierre Manzoni vous attend avec en toile de fond le jardin de l’Orangerie, seule quadrichromie de l’exposition, pour un quart d’heure de prospérité, dans cette exposition, pourtant éloignée de l’esprit pop au profit de l’action urbaine
Une cinquantaine d’artistes symboliques de cette période en mutation sont représentés dans cette performance urbaine, baroque, .
A la fois au Jeu de Paume, Place de la Concorde et dans le 18 eme au BAL, l’exposition se tient jusqu’en Janvier 2023 sur 2 niveaux et deux lieux. Le catalogue orange années 60 (Pantone 021C) nous rappelle la couleur phare de ces années.
si vous avez loupé les expositions précédentes du Jeu de Paume dont Painlevé la librairie du musée conserve des traces des actions passées et offre un choix très pertinent de livres.