Avec « Proust du côté de la mère » au MAHJ, l’honneur rendu au célèbre auteur est intimiste, nous faisant découvrir une famille maternelle érudite mais aussi tout l’univers mondain et intellectuel de cette fin 19eme, début 20eme.
Né en 1871, catholique par son père et juif par sa mère, Marcel suit le parcours scolaire de tout bon élève à Condorcet en classe de rhétorique dans une période de grand changement puisque traversée par 2 guerres, 1870 avec les conséquences du Traité de Francfort puis la première guerre mondiale.
Une plongée dans les courants artistiques multiples
Autour de l’œuvre de la recherche du temps perdu dont on découvre les premières éditions ainsi que les illustrations de Kees Van Dongen, se déroule une vie artistique féconde et une vie sociale intense.
Ainsi, vous pourrez admirer des dessins de Picasso, de Cocteau ou de Whistler, une reconstitution des ballets russes avec un montage de photos représentant Nijinski dansant sur l’après midi d’un faune de Debussy , une sculpture de Rodin, un portrait d’Oscar Wilde et des tableaux des peintres de l’époque : Monet, Boudin, Vuillard, Dufy avec ma préférence artistique pour le bacon de Caillebotte et le trait d’humour de Manet et son tableau représentant une asperge,des gravures de Beauvarlet ou une Shéhérazade impressionnante et un voyage imaginaire à Venise
C’est aussi un portrait de A. Crémieux, cousin de Marcel dont on connaît la place dans la vie politique française ou un tableau de James Tissot décrivant le petit monde des influenceurs de l’époque au Cercle de la Rue Royale. Montesquiou est remarquablement représenté dans des variations artistiques par Van Dongen, une grande huile saisissante de réalité ou un dessin impressionnant de Paul César Helleu à la pointe sèche.
La vie juive est également très présente par ses éditions, ses magazines mais également comme source d’inspiration de pièce de théatre, de musique : Sarah Bernhardt jouant le rôle central d’ Esther en 1905, les partitions de Renaldo Haydn ou le grand opéra d’Halévy,la créativité est exacerbée.
Une plongée religieuse
Une vie intense qui se retrouve aussi dans la religion avec de magnifiques parchemins du Talmud, des pages du Zohar ou un rouleau d’Esther avec la présentation d’un chef d’œuvre Italien de 1746.
A gauche, un extrait du tableau de James Tissot « le cercle de la rue Royale » et Charles Haas.
A droite, Robert de Montesquiou.
Bref, une exposition toute en contraste, sur fond d’affaire Dreyfus et d’orientalisme.
Pour les amateurs, de scandales, un Pv de police après une descente dans un hôtel de la rue de l’arcade, intéressant par la modification de la société d’aujourd’hui au regard des homosexuels. c’était, il y a un siècle.
Enfin une œuvre de 2000 de Charles Matton représentant l’univers confiné d’une bibliotheque de maison, miniature.
Grâce au travail du MAHJ, une belle scénographie, les conseils d’Antoine Compagnon Professeur émérite au Collège de France, l’exposition aborde d’un œil neuf et sensible le monde de Proust et on observe peu de tableaux ou documents en doublon avec l’exposition de début d’année à Carnavalet.
« Proust, du côté de sa mère » est l’ exposition pour les amateurs de Proust et un vrai plaisir des yeux et de l’esprit.
N’oubliez pas une visite à la librairie et à la bibliothèque, toutes deux recèlent un choix très pointu.
Jusqu’au 28 Aout 2022 à l’Hôtel de Saint Aignan, 71 rue du Temple, Paris.
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure ».